Les cévennes


Le pays cévenol
– ce gigantesque adret dont on cerne mal les contours – s’étend sur cinq départements : le Gard, la Lozère, l’Hérault, l’Ardèche et une petite partie de l’Aveyron. Ce découpage « administratif » accentue la singularité du territoire qui se caractérise par une géographie religieuse, culturelle et même littéraire spécifique.
Dans cet espace singulier, profondément humanisé, la terre porte les stigmates des efforts que l’homme a déployés pour conjuguer avec les éléments : pentes abruptes, aridité, neige et vent, ruissellement dévastateur, etc.

A l’origine de leur peuplement (âge du cuivre), les Cévennes furent investies par des populations dont le mode de vie était lié essentiellement aux rythmes imposés par les activités agropastorales.
Les croyances et les pratiques rituelles magico-religieuses qu’elles ont générées nous ont donné un riche potentiel de mégalithes, tombeaux ou menhirs, associés à d’énigmatiques signes gravés en creux sur les roches affleurantes : les pétroglyphes.
Ces lointains ancêtres cévenols sont à l’origine des tracés de crêtes qui, plus tard, seront successivement aménagés pour devenir des « drailles ». De ces peuples anciens, dont on connaît peu de chose, émergeront d’autres communautés dont chaque tribu occupera un terrain distinct avant l’arrivée des romains : au Nord les gabales, au Sud les volces arécomiques, à l’Est les hélviens, à l’Ouest les ruthènes.

 

 


L’implantation romaine
– tardive dans l’arrière pays (-50 à 150) – suivra les mêmes couloirs naturels que sont les vallées des gardons. La civilisation romaine dotera les Cévennes de voies de communication qui, outre une fonction stratégique évidente, faciliteront les échanges commerciaux entre la plaine et la montagne.
Autour du VIe siècle, dans le piémont, les conquêtes arabes marqueront le paysage architectural du sceau de leur culture.
Entre le IXe et le Xe siècle, l’influence des grandes communautés monastiques – notamment sous l’impulsion de Cluny et saint Victor de Marseille – doteront le Languedoc d’imposants édifices qui rayonneront bien au-delà de leurs limites territoriales (Maguelone, Aniane, Gellone, l’abbaye de Cendras, etc.). Cette période dite – de romanisation – aura un effet stabilisateur pour l’économie, fixant la population.
Les moines vont introduire des techniques agricoles novatrices, intensifier le défrichage, réaliser des aménagements de l’espace mieux adaptés aux contraintes du terrain, et créer autour de leurs monastères une activité commerciale propice à une expansion démographique.

 

 

 


A la fin du Moyen Âge
, la montagne cévenole revêt globalement l’aspect qu’elle a aujourd’hui.
Dès 1530, les idées de la réforme vont gagner les vallées cévenoles. La population des Cévennes ancrera sa foi sur les thèses de Luther, et c’est massivement que les Cévenols « embrasseront » la cause réformée.
De ce fait la révocation de l’Édit de Nantes sonnera comme un glas aux oreilles des « huguenots », c’est ainsi que privé de la « liberté de conscience », astreints à une répression sans limite les protestants des Cévennes prendront les armes (soulèvement camisard) et écriront sans le savoir une page importante de l’Histoire de France.

 

 

 

 

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Après 1750
, on entre dans ce que l’on a coutume d’appeler « l’âge d’or » des Cévennes, l’économie -qui vient de connaître une crise des industries lainières des cuirs et des peaux- repart avec un nouveau « produit » la soie importée d’Asie.
Pas une seule famille n’a échappé au monde de la soie, dans les maisons, le moindre espace vide est aménagé pour recevoir quelques vers à soie.
Des bâtiments spécifiques, les magnaneries, seront construits pour contenir des « éducations » de plus en plus importantes de « magnans », mais cette richesse relative disparaîtra au début du XIXe siècle, les maladies des vers à soie (pébrine et flacherie) entraînant l’abandon des producteurs cévenols par les industriels lyonnais (soyeux) qui préféreront les produits étrangers.

Après cette deuxième crise économique, les Cévennes se relèveront grâce aux exploitations minières : fer, cuivre, zinc, antimoine, plomb, baryte, calcaires à chaux et charbon qui vont redonner vigueur et prospérité à la région.

 

 

Aujourd’hui, après la fermeture des exploitations souterraines de charbon et des industries périphériques, les Cévenols sont à la recherche de nouvelles ressources pour donner un nouveau souffle à leur économie. Nul doute qu’ils sauront – comme leurs ancêtres – trouver au contact de cette terre, à laquelle ils sont ataviquement attachés, un puissant ferment d’inspiration propre à assurer leur avenir.

Christian Anton

 

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